Comprendre sa posture dans un groupe

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Cette page présente le déroulement du troisième atelier de la série Pour agir collectivement. Cette série conçue par Solon et proposée à la communauté au printemps 2019 comptait 4 ateliers:

Contexte

Solon veut faciliter la réalisation de projets collectifs citoyens locaux qui contribuent à notre transition socio-écologique. Les valeurs qui nous guident sont notamment l’inclusion, la participation, l’engagement et la convivialité.  Solon voit une société où se multiplient les “communs”, soit où les ressources sont gérées par leurs utilisatrice-eur-s, selon des règles convenues par celles-ceux-ci, dans l’intérêt collectif. Nous croyons que nous avons collectivement intérêt à collaborer et être inclusive-f-s, et que chaque personne a du pouvoir, des connaissances, quelque chose de valable et d’enrichissant à apporter.

Cette série de 4 ateliers s’inscrit directement dans la mission de l’organisme. Elle vise à outiller les citoyen-ne-s à mettre pleinement à profit leur potentiel lorsqu’elle-il-s s’engagent, ainsi qu’à faciliter l’engagement des autres. Il s’agit d’ateliers d’introduction, donnant un aperçu d’une variété de méthodes, outils et concepts.

Cadre conceptuel

La série de 4 ateliers est conçue autour de la “four-fold practice” empruntée au champ du “art of hosting”, que certain-e-s traduisent par les “4 pétales de la pratique”.

Ces pétales sont:

  • être son propre hôte / présence
  • participer et pratiquer la conservation / curiosité
  • être l’hôte de conversation / courage
  • co-créer avec d’autres - devenir une communauté de pratique / lâcher-prise.

La pratique de ces 4 “pétales” est intégrale, pas linéaire. Chaque volet nourrit les autres et nous ramène à eux, encore et encore.

Ce premier atelier porte sur le premier point, nous nous attardons à notre présence, à nous connaître, à être responsable de notre expérience. Nous croyons que notre posture et notre attitude ont un impact déterminant sur notre manière de collaborer et sur le fonctionnement d’un groupe. Lorsqu’on travaille ensemble, et en particulier pour le changement, nous rencontrons généralement des moments d’inconfort. Un inconfort qu’il est utile d’accueillir, de reconnaître et dont prendre responsabilité.

Déroulement

Intention

Prendre conscience de notre posture personnelle dans les dynamiques de groupe et lorsque nous souhaitons contribuer au changement social, proposer des méthodes et outils à cette fin. Gagner de la clarté sur ce qu’on apporte et ce qu’on prend, dans un groupe.

Activités

Les 2 éditions (Rosemont et Verdun) de cet atelier ont été très différentes. Nous proposons dans ce tableau l’atelier que nous pourrions offrir une prochaine fois. Les exercices qui ont fait partie des ateliers au printemps 2019 et qui n’y sont pas retenus sont présentés plus bas.

Bienvenue et cadre (15 min.; prévoir retard!)

Offrir un cadre sécuritaire et bienveillant. Par exemple, on peut proposer d’adopter ensemble les valeurs de bienveillance, de respect, de confidentialité, d’écoute, de responsabilité, d’ouverture, de plaisir, etc., soit un ensemble de valeurs qui permettent à chacun-e de se sentir en sécurité et aussi à l’aise que possible de s’ouvrir.

Cercle d’ouverture | jeu du cadeau magique (20 min.)

Inspiré d’un principe d’improvisation (le “oui, et…”), le cadeau magique vise à se mettre dans une posture d'accueil et d’ouverture. L’objectif est d’accepter la proposition de l’autre et de bâtir à partir de celle-ci.

  1. Former des équipes de 3.
  2. Seul-e, chaque participant-e inscrit et dessine sur un papier 2 cadeaux magiques qu’elle-il souhaite offrir à chacun-e des autres membres de son trio. Le cadeau magique est un objet qui a un pouvoir magique, par ex: un verre d’eau qui ne se vide pas, un t-shirt qui rend joyeuse-eux. Le dessin est aussi un prétexte pour laisser du temps aux personnes qui prendront plus de temps pour décider de leur cadeau, ce n’est pas grave si tou-te-s n’ont pas dessiné leur cadeau.
  3. Chaque participant-e offre un cadeau à chacun-e des 2 autres membres du trio.
  4. Chaque membre du trio dit ce qu’elle-il a envie de faire avec le cadeau.

Postures d’écoute (20 min.)

  1. Sur un tableau, tracer 2 colonnes, intitulées respectivement “Pourquoi on écoute?” et “Pourquoi on parle?”
  2. Demander aux participant-e-s, pourquoi, selon elles-eux, on parle? Lister ces raisons.
  3. Leur demander ensuite, pourquoi, selon elles-eux, on écoute? Lister ces raisons.
  4. Distinguer ensuite, dans une période d’échange avec les participant-e-s, 2 types d’écoute:

→ Écouter pour gagner / satisfaire sa curiosité: posture de confrontation ou visant à répondre à des besoins personnels, par ex. de clarté, de curiosité ou de compréhension.

→ Écouter pour se connecter à l’autre: posture d’ouverture où on offre de l’espace à l’autre, de l’empathie, sans donner des conseils, demander des précisions factuelles, etc. C’est l’écoute empathique. Voir également les 4 fonctions de l’écoute empathique en annexe A.

Écriture automatique (15 min.)

L’exercice consiste à écrire en continu, sans s’arrêter pour réfléchir, sans filtrer ou juger ce qu’on écrit. Dès que l’exercice est lancé, dès que le crayon touche le papier, on écrit constamment jusqu’à la fin de la période de temps.

  1. Chaque participant-e se munit de papier et d’un crayon
  2. On lance l’activité autour d’un thème ou d’une question, pour une période de 5 minutes. Ce thème ou cette question sera ensuite discuté-e avec d’autres, il est ainsi important de choisir un thème dont on se sent à l’aise de parler avec d’autres.
    1. → pensez à une chose que vous faite (qui est sous votre contrôle) ET que vous n’aimez pas faire ET dont vous vous dites que vous “n’avez pas le choix”. Soit quelque chose que vous faites à rebrousse-poil, en grognant! ;)
    2. → Décrivez cette chose et ce que vous en pensez. Que vous dites-vous quand vous la faites? quel est votre discours intérieur par rapport à cette chose? comment vous vous sentez face à elle?
  3. Une fois le temps écoulé, on prend 5-10 min de retour ensemble. Les participant-e-s partagent comment elle-il-s ont trouvé l’exercice, comment elle-il-s se sont senti-e-s pendant l’exercice. Ce retour ensemble porte sur la réalisation de l’exercice plutôt que sur le contenu personnel qu’il a permis d’explorer.

Principes de la communication non violente (20 min.)

La communication non violente (CNV) est une méthode développée par Marshall Rosenberg dans les années 1970, aujourd’hui portée par le Centre pour la communication non violente, ainsi que des formatrice-eur-s certifié-e-s partout dans le monde. C’est une méthode pour comprendre et gérer nos propres émotions, ainsi que comprendre celles des autres. La communication non violente propose une manière de dialoguer d’abord avec soi-même, puis avec les autres. Des formations étendues sur le sujet existent, nous présentons ici les grands principes de la CNV:

  • La CNV propose d’abord d’éviter les jugements, que ce soit quand on parle ou quand on entend ce que disent les autres. Il s’agit de s’attacher aux faits aussi objectivement que possible, sans interpréter ou échafauder des hypothèses à partir des faits.
  • Ensuite, la CNV offre une grille d’analyse:
  1. Observer. Cela rejoint le point précédent. On débute notre dialogue par une observation aussi factuelle que possible. Idéalement - sachant que l’idéal est rarement atteint! -, cette observation serait indiscutable et tout à fait rassembleuse!
  2. Identifier. Quelle(s) émotion(s) est(sont) associée(s) à cette observation,
  3. Quel(s) besoin(s) comblé(s) ou non comblé(s) est(sont) liée(s) ses émotions, et
  4. Quelle(s) stratégie(s) peut-on mettre en place pour répondre à ces besoins, et quelle(s) demande(s) pouvons-nous nous faire à nous-même ou à notre entourage afin de mettre en oeuvre cette(ces) stratégie(s) et tenter de mieux combler no(s) besoin(s).
  • La théorie sur laquelle se base la CNV est que les émotions que nous vivons dépendent de comment nous comblons nos besoins. La CNV soutient qu’il existe de multiples stratégies pour répondre à nos besoins et qu’adopter cette posture nous donne le pouvoir et l’autonomie de satisfaire nos besoins dans une variété de contextes. Nous pouvons faire des demandes à nous-même ou à notre entourage pour mettre en oeuvre les stratégies pour répondre à nos besoins. Ces demandes peuvent être acceptées ou non, couronnées de succès ou pas. Nous avons alors la latitude de choisir d’autres stratégies.
  • La CNV soutient également que tous les êtres humains ont les mêmes besoins et les stratégies que chacun-e préconise pour les combler sont multiples.

Pause (10 min.)

Exercice d’auto-empathie (35 min.)

En équipe de 2, il s’agit d’explorer les besoins qu’on comble ou pas quand on fait ces choses qu’on n’aime pas - celles qu’on a décrites dans l’exercice d’écriture automatique, à travers les 6 étapes suivantes, extraites du matériel de la formation cohérence de Spiralis (la vraie fiche est en annexe):

→ Note: 25 min sont allouées à ce travail d’équipe. Les équipes gèrent la manière dont elles travaillent ensemble. Les coéquipièr-e-s peuvent travailler chacun-e de leur côté pendant 5-10 min puis ensuite prendre 5-10 min pour échanger et enrichir le travail de l’un-e puis celui de l’autre. Elles peuvent tout faire ensemble. Bref, les coéquipièr-e-s décident ensemble.

  1. À l’aide de la liste des émotions et besoins, identifier les émotions et besoins que l’on comble en faisant cette chose que nous n’aimons pas.
  2. Identifier les émotions et besoins qu’on ne comble pas en faisant cette chose que nous n’aimons pas.
  3. Chacun-e prend un moment pour se donner de l’empathie pour ces émotions et besoins non comblés, en disant à voix haute “Pas surprenant que je me sente [… émotion associée au besoin non comblé …], j’ai tellement besoin de [… besoin non comblé quand on fait cette chose qu’on n’aime pas …]”.
  4. Chacun-e se lie ensuite à la partie d’elle qui fait cette chose qu’on n’aime pas, en disant à voix haute: “... et je fais [... cette chose ...], parce que j’ai profondément à coeur [... besoin comblé en faisant cette chose qu’on n’aime pas ...]”.
  5. Chacun-e choisit ensuite une stratégie pour la suite, soit:
    1. Je continue à faire cette chose que je n’aime pas, en m’engageant à retrouver le sens de ce que je fais et à rester connecté-e au sens de cette chose que je n’aime pas. Je m’engage à faire cette chose dans la joie, bien que je ne l’aime pas beaucoup. Je m’imagine faire cette chose dans la joie. Est-ce que j’y arrive? Est-ce différent? Qu’est-ce qui pourrait m’aider à me rappeler de rester connecté-e au sens? à faire cette chose avec joie?
    2. Je m’engage à arrêter/diminuer/changer de faire cette chose. J’imagine les conséquences d’arrêter de faire cette chose: sur qui? sur quoi? Quelles sont les conversations nécessaires que ce choix engendre?
  6. De retour en grand groupe, on prend 8 min pour échanger sur la manière dont s’est déroulé l’exercice, ce qu’on pense de cette méthode, de cet exercice, sur comment on estime que ça peut nous être utile, sur les questions / réflexions qui émergent.

Cercle de fermeture (15 min.)

  1. Prendre 3-4 min pour parler avec notre voisin-e-s de comment on a vécu l’atelier, de ce qu’il nous a apporté.
  2. De retour en cercle, chaque personne dit en quelques mots, moins d’une phrase, la perle, soit l’apprentissage, l’idée ou le concept le plus enrichissant, avec laquelle elle repart.

Suites + évaluation (5 min.)

Autres activités

Jeu des petits pois sur la table (20 min)

C’est la version “fragment de papier” que nous avons vécue ensemble. Il s’agit d’avoir un stock de morceaux de papier (ou de petits pois). En équipe de 4 ou 5, autour d’une table, nous déposons un morceau de papier à la fois sur la table, sans communiquer d’aucune manière (pas de sons, de paroles, de gestes ou de regards!). Il n’y a pas de règles hormis celle-là! Après 5 min, l'œuvre est terminée et nous faisons un tour pour voir les œuvres développées par les autres équipes. Ensuite, nous formons à nouveau des équipes de 4 ou 5 personnes avec d’autres participant-e-s. Puis nous répétons l’exercice, suivant les mêmes directives. Enfin, lors d’un 3e tour, on rajoute une directive, soit de bâtir quelque chose ensemble avec l’intention que ce soit une œuvre collective. Au bout de la période de temps, on fait à nouveau un tour pour voir les œuvres de toutes les équipes. De retour en grand groupe, on discute de comment on a vécu l’expérience, de ce qu’apporte l’invitation à participer à l'œuvre collective avec cette intention en tête.

Autoévaluation de l’écoute

Ces 3 axes offrent une lunette pour évaluer l’écoute que nous offrons aux autres:

  • Réducteur/expansif: “Est-ce que j’ai réduit ce qui a été dit par l’autre à ce que je connaissais déjà?”
  • Passif/actif : “Est ce que je suis capable de redire ce qui a été dit dans mes mots, en respectant fidèlement l’intention de l’autre?”
  • Critique/empathique: “Est-ce que je me sentais éloigné-e/proche des besoins et des sentiments de l’autre?”

Écoute silencieuse

Il s’agit d’offrir une question stimulante voire polémique, par ex.: “Les prisons devraient-elles être abolies?” ou “Toutes les drogues devraient-elles être légalisées?”. Les participant-e-s se mettent en équipe de 2. L’un-e répond à la question pendant que l’autre écoute de façon attentive et sans parler pendant 2 ou 3 min. Au bout de ce temps, la personne qui écoutait est invitée à refléter succinctement le point de vue partagé par sa-on coéquipièr-e. Ensuite les rôles sont inversés. La même question peut être utilisée à nouveau ou une nouvelle question peut être proposée.

Exercice du miroir (10 min)

En utilisant l’écriture automatique, qui consiste à écrire sans arrêt, sans s’arrêter pour réfléchir, sans filtrer ou juger ce qu’on écrit, décrire ce qu’on n’aime pas chez les autres pendant 5 min. Si on n’a vraiment plus rien à écrire sur ce sujet, on peut alors écrire ce qu’on aime chez les autres. Au bout des 5 min, on passe à la phase “miroir”, c’est-à-dire qu’on reprend l’écriture automatique en faisant les liens entre ce qu’on n’aime ou pas chez les autres et ce qu’on aime ou pas en nous-même. Le matériel issu de cet exercice peut aussi être employé pour réaliser ensuite des exercices à l’aide de la méthode de la communication non violente (CNV).

Références

Annexe A | Quatre fonctions de l’écoute empathique

Extrait du matériel de la formation Écoute offerte par Spiralis.

Quatre fonctions de l’écoute empathique.jpg

Annexe B | Processus pour appliquer la méthode de la communication non violente à une action que l’on fait et qu’on n’aime pas

Extrait du matériel de la formation Cohérence offerte par Spiralis.

Processus pour appliquer la méthode de la communication non violente à une action que l’on fait et qu’on n’aime pas.jpg