« Récit de la transition : Territoire » : différence entre les versions

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Version du 28 juillet 2022 à 17:31

Pour voir le projet du récit collectif de la transition sociale et écologique dans son ensemble et avoir accès au pdf illustré, cliquez ici!

Définition

Nous définissons le territoire comme un espace qui crée chez l’humain un sentiment d’appartenance et qui est façonné par ses actions. Le territoire est composé d’un ensemble de ressources matérielles, naturelles ou construites (terres agricoles, infrastructures, etc.) et symboliques (vécu, histoire, appartenance, identité) qui structurent les pratiques des individus qui le fréquentent (Passerelles, 2020). Nous concevons le territoire comme un espace de proximité, centré sur l’échelle locale. Dans cette définition, il revêt un sens proche de celui de « milieu de vie » ou de « quartier ».

Ce qu’on déconstruit

La très grande circulation des biens et des personnes, la généralisation (et mondialisation) des circuits longs liés à la production et à la consommation mènent à un sentiment de « déconnexion » avec notre territoire. Nous avons peu conscience des richesses que nous offrent les territoires et nous nous tournons souvent vers des ressources extérieures, alors que celles-ci sont ou pourraient être disponibles sur place, notamment dans ce qui a trait à notre consommation alimentaire. L’apparente abondance dans laquelle nous vivons fait en sorte que nous avons une mauvaise connaissance et peu de considération pour les limites et les capacités de nos territoires (surexploitation des ressources naturelles ou exploitation inadéquate des terres agricoles).

Ce à quoi on aspire

Nous voulons vivre dans des unités territoriales basées sur l’idée de proximité géographique et sociale, afin de densifier les interactions à l’échelle locale. Cette échelle de proximité favorise l’émergence de réseaux de solidarité, vecteurs de transformation à l’échelle d’un quartier. Sur ces territoires, les ressources et activités sont gérées collectivement et en commun, tant à grande échelle (l’eau, la forêt, etc.) que plus localement (espaces publics, parcs et espaces verts). Les territoires sont conçus comme de grands jardins collectifs qui répondent aux besoins des individus qui y résident.

Sur le plan écologique, les humains sont intégrés harmonieusement à leurs territoires et aux écosystèmes les composant. Une prise de conscience se fonde sur la reconnaissance de notre co-dépendance avec les autres humains et les écosystèmes. Nous avons pris acte de notre responsabilité face aux conditions de vie de tout ce qui est vivant autour de nous. Les écosystèmes sont régénérés.

Nous tenons compte équitablement de toutes les personnes et tous les êtres vivants qui composent ces territoires, et leur intérêt se retrouve au coeur des décisions. La gouvernance locale territoriale qui s’instaure est centrée sur la gestion collective par et pour les résident·e·s. Chaque personne a un pouvoir dans la prise de décision, favorisant la prise en compte des intérêts de tous et toutes, tant dans le domaine privé que dans les administrations publiques. Nous visons la souveraineté et l’autonomie des communautés et une répartition locale et équitable des espaces et des ressources.

Sur le plan économique, notre production et notre consommation se font à des échelles locales, nous souhaitons une économie relocalisée. Nous consommons ce que nous produisons et nous produisons en fonction de nos besoins. Les ressources sont fournies par le milieu de vie. La cohésion économique au niveau local devient collective, solidaire et plus forte. L’économie est gérée collectivement et démocratiquement à l’échelle locale, au service des gens. L’économie circulaire se généralise. Elle regroupe un ensemble de pratiques, hiérarchisées selon leurs impacts, visant à optimiser l’utilisation des matières et énergies, à l’échelle d’un territoire.

Comment on s’y rend

Cultiver notre territoire, s’approprier l’espace

Nous contribuons à entretenir et améliorer notre milieu de vie, grâce à des programmes d’appropriation de l’espace public par les citoyen·ne·s. À titre d’exemple, le programme Faites comme chez vous dans Rosemont–La Petite-Patrie permet l’appropriation des carrés d’arbres, l’installation de bacs de jardinage sur le trottoir. Ces façons assez simples d’embellir le milieu de vie créent un sentiment d’attachement au territoire.

Verdir les territoires urbains, pour rendre nos villes plus résilientes

Nous faisons en sorte que nos villes soient plus résilientes et deviennent carboneutres en créant des espaces de protection de la biodiversité et en multipliant les jardins. Le verdissement est pensé pour être utile non seulement aux populations, mais également à l’ensemble des écosystèmes urbains. La Coop Miel Montréal crée, par exemple, des jardins de pollinisateurs au sein desquels la flore fournit les éléments nutritifs essentiels aux pollinisateurs ainsi que des espaces de nidification et d’abris qui favorisent la biodiversité. Ces jardins contribuent au bien-être des populations et à la santé publique en aidant à lutter contre les îlots de chaleur et en améliorant la température en ville. Ils purifient l’air. Les jardins engendrent des interactions humaines en devenant un point de socialisation agréable.

Développer une mobilité à l’échelle du territoire

Nos modes de déplacements au sein des territoires sont adaptés à leurs tailles et caractéristiques géographiques. Chaque mode de transport sert à une certaine échelle et distance. La voiture n’est plus le mode de transport par défaut, elle sert à se déplacer plus loin en l’absence d’alternative. Nous connaissons mieux notre milieu de vie, car nous nous y déplaçons à pied, en vélo ou en transport en commun, et cela crée un plus grand sentiment d’attachement envers celui-ci. Nous connaissons nos commerces de proximité, croisons nos voisin·e·s dans la rue et tissons des liens dans ces interactions quotidiennes. Pour faciliter cela, nous développons des moyens de se partager et de se procurer des véhicules entre voisin·e·s, comme le projet Locomotion porté par Solon. Nous développons aussi le covoiturage pour les transports hors de notre milieu de vie et en l’absence d’autres moyens. Finalement, nous créons un réseau de transports en commun urbains et interurbains qui facilite l’arrimage entre les différents milieux de vie.

Relocaliser la production des biens de consommation et consommer local

Dans un premier temps, nous visons la valorisation des produits locaux existants, par le soutien à la production et à l’artisanat local. Nous renforçons et diversifions notre production locale pour combler le plus de besoins possible à proximité des centres urbains. Nous privilégions l’achat local dans les commerces de petite taille et achetons des produits fabriqués localement. Cela est facilité par des systèmes de monnaies locales, qui garantissent la circulation des richesses au sein du territoire. À terme, nous pouvons envisager de choisir les commerces qui s’implantent dans notre milieu de vie pour favoriser les commerces locaux plutôt que des grands distributeurs. À Québec, le BLÉ (Billet local d’échange), une monnaie locale complémentaire, vise à favoriser la circulation des richesses au sein du territoire en encourageant l’achat local. Comme c’est une monnaie convertible en dollar (1 BLÉ = 1 CAD), l’argent généré par les échanges est épargné sur un compte de réserve qui sert ensuite à soutenir les organismes et entreprises locales.

En matière de logistique et transport, un nouveau récit émerge aussi, celui de la « ville du quart d’heure » (Marie et Haberstroh, 2021), qui vise à gérer le dernier kilomètre de nos déplacements et qui a un impact important en matière d’émissions de GES. Plusieurs leviers se trouvent à l’échelle du quartier. Par exemple, le soutien à l’achat local ou l’amélioration du commerce de proximité permet d’agir sur l’acte de consommation, tandis que les mesures de régulation de l’espace public ou du stationnement agissent sur la gestion du dernier kilomètre (Marie et Haberstroh, 2021).

S’arrimer à nos territoires pour l’alimentation

Se nourrir de légumes québécois biologiques, cultivés de manière responsable et écologique, est une façon de se lier à son territoire et d’en éprouver de la fierté. Nous valorisons les produits de saison et la nourriture non transformée. Les gens apprennent à cuisiner et à conserver ces aliments, et des subventions soutiennent les produits locaux et artisanaux. Nous mettons en place des structures qui permettent la mise en relation de la production et de la consommation locale, sur le modèle de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC). Pour les produits alimentaires, chaque famille est liée à une ferme, et ceux et celles qui le souhaitent peuvent donner de l’aide en échange de paniers. Nous mettons en place ce système pour les autres biens de consommation également (vêtements et autres objets de la vie courante). La CAPÉ est une coopérative fondée par des producteurs et productrices agricoles qui a pour but de mettre de l’avant l’agriculture biologique et écologique opérée en circuits courts, tout en améliorant leurs conditions. En étant membres de la CAPÉ, les producteurs et productrices peuvent par exemple participer à une mise en marché coopérative avec les Bio Locaux, un regroupement de fermes biologiques qui mettent leurs productions en commun et la distribuent par la vente de paniers biologiques et dans des marchés saisonniers en été. En hiver, plus de vingt fermes bio offrent des paniers dans le Grand Montréal et en Montérégie.

Prendre conscience de notre appartenance à un territoire

Nous développons des outils de production et de transmission des connaissances sur les ressources de notre territoire. Nous éduquons la population à réapprendre à vivre avec les composantes de ce territoire, à faire les choses ensemble et localement (ex. promouvoir la nordicité comme facteur identitaire pour les villes québécoises en valorisant les plaisirs d’hiver, promouvoir la production et consommation d’aliments locaux, etc.). L’éducation relative à l’environnement est utilisée pour mettre la nature et les écosystèmes locaux au centre de cette appartenance territoriale. Nous créons des itinéraires environnementaux permettant de connaître les différents écosystèmes de nos territoires (ex. sentier urbain) et des visites de jardins et d’espaces de biodiversité pour éduquer et informer les citoyen·ne·s sur ces écosystèmes (espèces présentes, rôle des pollinisateurs, gestes de préservation, etc.).

Cette appartenance territoriale doit permettre d’entreprendre des projets inspirants qui mettent en valeur le territoire par des initiatives qui influencent ou transforment notre paysage. Le Champ des possibles est un bel exemple de projets émanant de l’appartenance des citoyen·ne·s à leur territoire, qui a permis de réhabiliter une friche industrielle pour en faire un espace de biodiversité. Cet espace est très fréquenté par les résident·e·s du quartier, qui y jouent, s’y promènent, y pique-niquent, y font leur jogging. Les activités de médiation et d’animation offertes par Les Amis du Champ des possibles contribuent à éduquer les Montréalais·e·s aux écosystèmes de leur territoire.

Adopter une gouvernance territoriale inclusive

Nous définissons des balises concrètes et partagées qui définissent ce qui est admissible pour notre communauté et ce qui ne l’est pas en matière d’équité socioenvironnementale. Nous mettons les concepts de diversité et de biodiversité au coeur de nos pratiques et décisions collectives. Nous favorisons les échanges et le partage entre l’ensemble des acteurs du territoire par des espaces de concertation. Nous prenons les décisions collectivement au sein de groupes locaux inclusifs qui portent la réflexion sur la gestion de notre territoire et expérimentent des actions concertées pour sa mise en valeur. Nous gardons les interactions à échelle humaine pour favoriser l’implication des gens (et leur disponibilité). Nous créons des espaces d’échanges et de rencontres spontanées et informelles (tiers lieux et autres) qui contribuent à l’épanouissement collectif sur notre territoire. Ces lieux favorisent l’instauration d’une nouvelle culture d’appartenance au territoire et à la communauté. La municipalité de Saint-Camille, en Estrie, a été sauvée de la dévitalisation grâce à l’investissement de ses résident·e·s. Un groupe d’investisseurs locaux a créé un centre communautaire et culturel dans l’ancien magasin général, restaurant du même coup un élément du patrimoine architectural de la Ville. À force de rencontres, de discussions et de projets collectifs, les villageois·e·s ont réussi à attirer de nouveaux résident·e·s en maintenant leurs services de proximité: bureau de poste, école, maison pour personnes aînées, connexion Internet, reconversion de l’église en salle multifonctionnelle, etc. Chacun de ces projets repose sur la mobilisation collective, le sentiment d’appartenance des résident·e·s à leur territoire et la coconstruction avec les différents acteurs locaux.