Introduction à l’intelligence collective

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Agissons collectivement dans nos milieux de vie !

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Qu’est-ce que l’intelligence collective ?  

Il s’agit de réfléchir ensemble, de mettre en commun nos capacités individuelles  à analyser, comprendre et résoudre des situations, de profiter de la diversité des  expériences et des savoirs. Pierre Lévy la présente comme l’« intelligence  partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à  une mobilisation effective des compétences » [1].

Solon souhaite mobiliser cette intelligence collective pour faire naître des idées  inspirantes et une volonté de passer à l’action, dans l’intérêt de tou-te-s.

La posture  

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La clé de l’intelligence collective c’est la posture que chacun-e adopte au sein du groupe. Que vous soyez responsable de l’animation ou que vous en soyez un-e des participant-e-s, votre attitude dans le groupe teintera l’ensemble du processus.  

Un beau contenant pour un contenu créatif. Il s’agit d’offrir un cadre qui va permettre au groupe de s’épanouir. Le cadre devrait laisser la place à l’adaptation, être souple pour permettre de s’ajuster en fonction de ce  qui se passe en cours de rencontre. Le contenu vient du groupe, des idées  amenées et partagées.

Un mot d’ordre, la confiance :

  • La confiance dans le groupe. Seul-e on va plus vite, ensemble on va plus  loin. Chaque idée exprimée a le potentiel d’en faire émerger une autre à  laquelle individuellement on n’aurait pas nécessairement pensé, de faire  émerger la meilleure solution collective.
  • La confiance en vous également, vos idées comptent, vous êtes là pour  les exprimer, et vous êtes aussi capable d’une écoute attentive. Savourez  pleinement la richesse du groupe, gâtez-vous !  

La philosophie des rencontres

Affiche de 6 règles utiles pour tenir des rencontres où l'intelligence collective trouve sa place!
  • Instaurer un rapport d’égalité : les personnes sont prises comme elles  sont, avec ce qu’elles savent et ne savent pas. Chacun-e peut participer de  manière égale à la discussion.
    • Pas de hiérarchie, mettez-vous en cercle plutôt que devant les  membres du groupe, le cas échéant, séparez-vous de votre co animateur-trice de quelques places afin de vous intégrer au groupe.
    • Assurez-vous que personne ne prend le contrôle de la discussion - Astuce : Vous pouvez proposer de minuter les temps de parole si certaines personnes prennent beaucoup de place.
  • Écouter avec attention : Pour faciliter une discussion agréable, évitez de  réagir immédiatement à ce qui se dit et invitez les participant-e-s à faire  pareil.  
    • Plutôt relancer la discussion sur les points positifs des  interventions.
    • Privilégiez le tour de parole ou le bâton de parole (voir plus loin)  cela évite que les participant-e-s réagissent et cela favorise la prise de  parole de tou-te-s.
  • Parler avec intention : Évitez le « on pense que »
    • Parlez au ‘je’ : cela permet de prendre la responsabilité de ce qu’on  dit.
    • Respectez les silences, les personnes sont libres de ne pas parler.  Les silences permettent aussi la réflexion et la prise de conscience,  « la digestion » de l’information
  • Être bienveillant-e : les personnes présentes ont des expériences et des  savoirs divers, il n’y a pas de jugements autour de la table, ni de bonnes ou  de mauvaises idées.
    • Chacun-e doit se sentir libre de s’exprimer, relancez ceux et celles  qui parlent peu pour les inclure sans les forcer.
    • Cela passe notamment par la convivialité de la rencontre – souriez  quoi qu’il arrive, proposez à tous et toutes de prendre un verre,  quelque chose à manger, etc.
  • Faire confiance : faites-vous confiance, osez exprimer votre savoir, et ayez  confiance dans le savoir du groupe, dans le processus de création.
    • Les personnes présentes sont les bonnes personnes
    • Ce qui arrive, devait arriver
  • Respecter le cadre : votre rencontre a un début, une fin, un déroulement,  respectez le cadre, il est là pour vous aider et il rassure les participant-e-s. 
    • Cela signifie de prendre soin du temps, respectez le temps imparti  pour ne pas vous épuiser,  
    • Faites attention à ne pas laisser la discussion s’enliser, dévier, gardez  toujours en tête l’objectif de la rencontre
    • Invitez les personnes présentes à prendre soin d’elles (pause,  manger, boire, etc.)

Le rôle de facilitation

  • Avoir confiance dans votre capacité à accompagner le groupe, de maintenir un cadre agréable et de contribuer par votre animation à l’émergence des idées porteuses.
  • Favoriser une ambiance et un contexte qui permettent la co création. Les principes proposés dans la charte de Solon peuvent vous  guider (comment on travaille ensemble) :
    • Collaboration et ouverture
    • Bienveillance et entraide
    • Courage, apprentissage et créativité
    • Responsabilité partagée
    • Plaisir
  • Clarifier les objectifs de l’activité : Rappelez-vous et rappelez au  groupe l’objectif de cette réunion. N’hésitez pas à ajuster ces objectifs avec  le groupe, selon ses envies et perceptions. Si on sait où on va, il est plus  facile de rêver et réfléchir ensemble afin de trouver des solutions collectives concrètes que les citoyen-ne-s vont mettre en place elles et eux-mêmes. Et si on a décidé ensemble où aller, meilleures sont les  chances qu’on y mette tou-te-s l’épaule à la roue!
  • Faire émerger les histoires :
    • Encouragez les participant-e-s à faire un récit de leurs expériences, à  partager leurs connaissances et expertises
    • Votre récit compte aussi. Vous apportez un contenant plus qu’un  contenu mais vos expertises peuvent servir à alimenter la  discussion.  
  • Laisser des traces : Vous n’avez pas la responsabilité de faire un compte  rendu exhaustif, mais assurez-vous que les idées importantes soient  conservées, que le groupe fasse une récolte de ses discussions.  Astuce : Disposer sur un grand carton au centre du groupe, prévoir des  crayons de couleurs / ou plusieurs feuilles pour que les participant-e-s  puissent noter ou dessiner leurs idées et prendre des photos de ces feuilles pour le groupe.  
  • Respecter le temps : Assurez-vous que la discussion ne s’enlise pas et  restez fixé-e sur vos objectifs : « faire rêver » et « susciter l’action ».  Si nécessaire, clôturez les conversations et passez à l’étape suivante. Vous  pouvez demander la collaboration d’un-e participant-e pour « tenir le  temps ».
  • Cultiver une posture ouverte sur le déroulement : Se permettre de  ne pas aller au bout du contenu (ne pas vouloir absolument placer toutes  les idées) : si les gens maîtrisent déjà un peu le sujet, ils auront des idées à  apporter, ou au contraire, les gens peuvent être moins à l’aise que vous  avec la thématique et auront besoin de repartir de la base. Soyez  consciente de ce qui se passe, ajustez-vous au groupe, à sa dynamique,  ainsi qu’aux nouvelles options qui émergent en cours de route. Sachez aussi  que ce déroulement comportera sans doute sa part de chaos, de questionnements, de doutes. Ces derniers font intrinsèquement partie des  processus pour créer et changer.
  • Relancer la discussion par des « questions puissantes » : Ce sont  des questions qui créent un sens pour chacun-e, qui permettent de  reconsidérer le problème sous un autre angle, qui aident à la prise de  conscience et ouvrent le champ des possibilités, qui font sortir de la  résolution pour être dans la créativité. Pour être efficaces, elles doivent être  simples et ouvertes, précises et assez brèves, toucher des enjeux  importants : pourquoi on le fait? qu’est-ce que ça m’inspire ? 
  • Aider les participant-e-s à identifier les prochaines étapes : 
    • Par des questions puissantes vous pourrez encourager les  participant-e-s à se mettre en action. Par exemple : Quels sont vos  objectifs ? Comment vous y prendriez-vous pour réaliser ce rêve ? 
    • Vous pouvez proposer une grille, une ligne du temps à remplir pour rendre réelles les prochaines étapes, en commençant par le plus petit pas à franchir puis par des plus grands pas, plus ambitieux. Montrez aux participant-e-s, par des exemples, que ces projets sont possibles et réalisables, et pas du tout insurmontables !

Quelques outils pour vous aider

Le cercle d’ouverture et le cercle de fermeture

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On a déjà parlé dans ce guide de l’importance du cercle, sa forme permet de mettre tou-te-s les participant-e-s dans une position égalitaire, il n’y a pas de hiérarchie tout le monde se voit et s’entend.

  • Évitez au maximum les tables et formez simplement un cercle de chaises  afin de privilégier l’ouverture sur l’autre.
  • Commencez la rencontre par un cercle d’ouverture qui permettra  à chacun-e « d’arriver dans le groupe » et de se mettre en mode « actif »  avec une question facile. Cela peut être de nommer la raison de sa  présence ici, son état d’esprit, ses attentes par rapport à la rencontre. On  peut aussi poser une question en lien avec la thématique. Le cercle doit  être bref, pas plus de 10 minutes. Il peut faire suite à une activité brise glace ou faire office d’activité brise-glace (voir plus bas).
  • Finissez par un cercle de clôture. Il permet à chacun-e de revenir sur  ce qui a été nommé en cercle d’ouverture, de voir si ses attentes ont été  comblées, de donner une appréciation de la rencontre (sans jugements, mais au «je », comment je me sens ? avec quoi je repars?). Cela permet en général de finir la rencontre par un sentiment de contribution et de partage, ce qui est positif dans la construction d’appartenance au groupe / projet.

Le brise-glace  

C’est un moyen de commencer la rencontre de façon ludique et créative, de  détendre l’atmosphère et d’amener tout le monde à se connaître.  

Voici quelques propositions d’activités, il en existe plein d’autres, soyez libres de  créer celle qui vous correspond :  

  • Variante 1 (moi, mon identité) : En cercle d’ouverture, à tour de  rôle, chacun-e se nomme et partage avec le groupe à partir d’une  question qui introduit le sujet de votre rencontre. Exemple : Avec quel  moyen de transport je suis venu-e aujourd’hui ? Quel est mon dessert  préféré ?  
  • Variante 2 (speed-dating): en duo pendant 1 minute une personne se  présente et donne un fait original sur lui/elle et répond à la question – Quelle est la raison la plus folle qui m’a amené à participer à cette rencontre ? L’autre personne écoute sans rien dire (attention  bienveillante). Au bout d’1 minute on échange. On fait 2 ou 3 duos puis  on se rassemble en cercle. On fait un tour de table pendant lequel chacun e dit son nom et donne un fait qui lui a plu dans ce qu’il/elle a entendu  lors du brise-glace.
  • Variante 3 (intention) : Dans un cercle d’ouverture simple. Chacun-e  se nomme et indique un de ses objectifs de la session.
  • Variante 4 (appartenance au groupe - je te connais et je  connais ton geste): On peut faire un tour de table en se présentant  avec un geste. Ensuite, la deuxième personne répète le geste et le nom  de la première personne avant de se nommer. On continue ainsi. La  dernière personne doit nommer tout le monde en faisant le geste de  chacun. (attention c’est long si on est beaucoup - mais très drôle - à faire  quand on est moins nombreux-ses).
  • Variante 5 (avec de la musique) : Les participant-e-s doivent se  nommer, ensuite écrire chaque lettre de leur nom avec leur corps, et cela,  tout en respectant le rythme de la musique. (idem que le 4 – long si on  est beaucoup mais très drôle).

Le bâton de parole  

Le bâton de parole est un moyen de faire circuler la parole sans heurt, en  limitant le stress du tour de table. Cette pratique permet d’organiser la prise de  parole, de créer du lien entre les participant-e-s, de favoriser l’écoute active (les participant-e-s sont concentré-e-s sur ce qui est dit plutôt que sur ce  qu’elle-il-s vont dire lorsque ce sera leur tour), laisse la possibilité de ne pas  prendre la parole si on ne le souhaite pas.

Choisissez un objet qui symbolisera votre bâton de parole (un bâton de bois, une  balle en mousse). La personne qui reçoit le bâton de parole peut soit s’exprimer  puis passer le bâton à une autre personne de son choix, soit se taire et le repasser à une autre personne. L’utilisation d’une balle et son lancer permettent  de rendre l’activité plus ludique et amusante.

Le forum ouvert  

Le forum ouvert est une méthode proposée par Harrison Owen, qui permet à des  groupes de toute taille (5 à 2000 personnes) de travailler ensemble. Au début  du forum, toutes les personnes qui le souhaitent peuvent proposer des thèmes à aborder. Chaque proposeur-e est responsable de son thème et de former un groupe pour y travailler. Chaque groupe de travail rédige un compte-rendu qui est tout de suite mis à disposition de l’ensemble des participant-e-s au forum. Le forum repose sur :

  • La loi de la mobilité ou loi des deux pieds : si vous n’êtes ni en  train d’apprendre, ni de contribuer, vous êtes libre de passer à autre chose, qui ce soit de migrer vers un autre thème du forum ou hors de celui-ci !
  • 4 principes :  
    • Les personnes qui se présentent sont les bonnes ;
    • Ce qui arrive est la seule chose qui pouvait arriver ;
    • Ça commence quand ça commence ;
    • Quand c’est fini, c’est fini.
  • Les animaux totems (ou quand vous circulez / quittez, vous  contribuez!) :  
    • Les papillons prennent une pause ou réfléchissent.
    • Les abeilles font circuler les idées d'atelier en ateliers.

Les chapeaux de Bono

Edward de Bono a conceptualisé ces 6 étapes de recherche de solutions pour  éviter la censure des idées nouvelles et dérangeantes, mais aussi la  confusion dans la discussion, et favoriser la concentration sur les éléments  constructifs et créatifs. Il s’agit de séquencer la pensée, de faire les  choses par étape, de ne pas discuter de tout en même temps.  

Chaque participant-e choisit un chapeau qui correspondra aux informations qu’il  ou elle veut apporter ou à la perspective dans laquelle il ou elle souhaite se  positionner dans la discussion (voir l’image explicative de la page suivante). Les  animateur-trice-s ou les participant-e-s peuvent ensuite choisir de changer de  chapeaux pour aborder d’autres éléments dans la discussion. Vous pouvez aussi  choisir une séquence en fonction du sujet traité [2].  

Les chapeaux peuvent également être utilisés lorsque la discussion dévie et  qu’on perd de vue les objectifs ou qu’on reste coincé-e-s sur un aspect du  processus. C’est alors un outil de prise de conscience collective : « on a un chapeau noir qui nous flotte au-dessus de la tête, je vous propose un tour de table / que la prochaine période de discussion soit sous le signe du chapeau vert,  jaune… » .

Quelques références  

  • Définition complète de l’intelligence collective : www.4emesinge.com/lintelligence-collective-cette-etonnante-capacite-du-vivant
  • Banque d’outils et de conseils pour vos animations participatives par Communagir : pouremporter.communagir.org
  • Banque d’outils en anglais : gamestorming.com
  • Site sur l’intelligence collective et la problématique des déchets :  www.recompose.it
  • Article « Principes et processus de co-conception d’événements auto organisés », de Samantha Slade, sur le bloque de Percolab : www.percolab.com/principles-elements-and-processes-for-co-designing-self organizing-events
  • Site internet du Art of Hosting (en français : « art d’accueillir des conversations  qui comptent » ou encore « art de la rencontre ») : www.artofhosting.org/fr