Récit de la transition : Action collective pour le changement
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Définition
Une action collective est « une action commune et concertée des membres d’un groupe afin d’atteindre des objectifs communs dans un environnement donné ». Les motivations peuvent être matérielles, ou immatérielles comme la défense de certaines valeurs (La Toupie, s.d.) : justice sociale, solidarité, équité, etc. L’action collective permet de proposer et d’orienter une réorganisation sociale.
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Ce qu’on déconstruit
Le système économique actuel est complexe, et nos vies sont profondément imbriquées dans ce système. Ainsi il peut être difficile de sentir que nous avons une prise directe sur ce dernier. Ces éléments contribuent aux difficultés d’avoir une vision claire des changements à apporter, et de reconnaître où et comment passer à l’action en priorité.
D’une part, cette absence de vision d’avenir suscite une peur de l’inconnu pour les individus, et il semble plus inconfortable à vivre que le statu quo, notamment en raison de la pression sociale qui peut exister lorsqu’on essaie de sortir du système en place. Aussi, nous remettons peu en question le fonctionnement de notre société. Face aux transformations à apporter dans nos modes de vie pour limiter les changements climatiques et s’y adapter, nous proposons des solutions individuelles qui ont peu d’impacts apparents, alors que les solutions collectives seraient plus porteuses. L’atmosphère de compétition entre les individus renforce la dilution de la responsabilité et fait qu’il ne nous est pas naturel de nous organiser collectivement pour trouver des solutions aux injustices sociales et environnementales.
D’autre part, il existe plusieurs barrières systémiques, légales, normatives, visant à protéger le système capitaliste et à permettre sa perpétuation. Le système politique, qui maintient un cadre « autoritaire » et pyramidal, complique l’engagement individuel, ou la confiance que les individus ont dans l’impact de leurs actions collectives. Hyperspécialisés dans nos compétences et savoir-faire, nous ne savons pas toujours quelles actions poser pour faire bouger la société. Nous nous trouvons dans une forme de dépendance pour subvenir à nos besoins, et manquons de temps pour acquérir les savoirs nécessaires à notre autonomie.
Ce à quoi on aspire
Nous voulons nous rassembler et proposer collectivement une société mettant l’humain et la planète au coeur des décisions. Nous aspirons à développer une vision d’avenir à laquelle tous et toutes participent et adhèrent, au sein de laquelle il est permis de rêver et de développer des idées nouvelles. Nous souhaitons vivre dans la liberté de réinventer notre société en fonction de nos aspirations, plutôt que d’être sous la contrainte d’un système qui nous dépasse et sur lequel nous avons peu de pouvoir. Les citoyen·ne·s croient en leur capacité d’agir et savent qu’ils peuvent changer les choses grâce à leurs actions. Nous voulons lever les barrières systémiques et les obstacles structurels qui freinent l’organisation collective. Par exemple, nous voulons faire en sorte que nos rythmes de vie soient moins réglés par le rythme de l’école ou du travail. Nous souhaitons mettre en oeuvre un système politique et économique au sein duquel chaque citoyen.ne peut participer aux prises de décisions et aux actions collectives, pour son environnement, son épanouissement et celui de la communauté.
Nous voulons nous rassembler et proposer collectivement une société mettant l’humain et la planète au coeur des décisions. Nous aspirons à développer une vision d’avenir à laquelle tous et toutes participent et adhèrent, au sein de laquelle il est permis de rêver et de développer des idées nouvelles. Nous souhaitons vivre dans la liberté de réinventer notre société en fonction de nos aspirations, plutôt que d’être sous la contrainte d’un système qui nous dépasse et sur lequel nous avons peu de pouvoir. Les citoyen·ne·s croient en leur capacité d’agir et savent qu’ils peuvent changer les choses grâce à leurs actions. Nous voulons lever les barrières systémiques et les obstacles structurels qui freinent l’organisation collective. Par exemple, nous voulons faire en sorte que nos rythmes de vie soient moins réglés par le rythme de l’école ou du travail. Nous souhaitons mettre en oeuvre un système politique et économique au sein duquel chaque citoyen.ne peut participer aux prises de décisions et aux actions collectives, pour son environnement, son épanouissement et celui de la communauté.
Comment on s’y rend
Se saisir des crises
Nous devons faire des crises actuelles des occasions, des potentiels de changement pour réaliser des choses qui n’auraient pas pu être possibles sans la crise. Les inégalités révélées par ces crises (crise sanitaire, crise du logement, crise climatique) pourraient encourager la transition grâce à l’adhésion du plus grand nombre à l’idée qu’un changement sociétal est nécessaire. Nous pouvons nous coordonner pour faire émerger des transformations et faire converger les combats et renforcer notre capacité d’action. Finalement, il s’agit de jouer sur la force du collectif, et de reconnaître l’interdépendance des différentes luttes. Les marches pour le climat de septembre 2019 ont rassemblé des milliers de personnes à travers le monde. À Montréal, c’est plus de 500 000 personnes qui se sont réunies. Même si les répercussions sur les décisions publiques sont encore faibles, nous voyons à travers ces exemples que les préoccupations et revendications autour de la crise climatique rassemblent une grande diversité de personnes à travers le monde.
Se structurer pour pouvoir s’opposer aux multinationales
Les entreprises multinationales détiennent une grande partie du pouvoir de décision sur nos sociétés, par le lobbying auprès des gouvernements comme par leurs actions privées. Nous souhaitons une société au sein de laquelle les décisions sont prises dans l’intérêt des citoyen·ne·s et non des entreprises privées. En nous organisant pour lutter contre les lobbys, nous créons des occasions de nous lier, de produire une société plus solidaire, et d’avoir plus de courage ensemble. Le mouvement Le Monde à bicyclette, association montréalaise, a conduit une mobilisation de 1975 à 2000 pour défendre la place du vélo dans la ville. Les cyclistes se sont opposés à l’idée d’une ville complètement orientée vers la voiture, avec plusieurs activités citoyennes : performance artistique, manifestations, etc. Ce mouvement était un moyen de faire entendre la voix des cyclistes dans un monde dominé par le lobbying automobile et pétrolier. Toujours à Montréal, Action-Gardien, la Corporation de développement de Pointe-Saint-Charles, regroupe les organismes communautaires du quartier. Par la concertation, l’action collective et la mobilisation citoyenne, elle vise à renforcer la prise en main par la population de l’amélioration de ses conditions de vie. Autre exemple : la Coalition Fjord, regroupement citoyen créé en 2018 et qui milite pour la protection de l’équilibre écologique du fjord du Saguenay. Cette coalition contribue à la lutte aux changements climatiques en sensibilisant la population sur les impacts des projets industriels, notamment l’augmentation du trafic maritime sur le fjord.
Faire de la place à l’engagement
Nous pouvons utiliser du temps de travail pour l’engagement social. Nous encourageons les gens à donner de leur temps pour participer à des projets collectifs, par exemple en multipliant les occasions de s’engager dans l’espace public, en rendant visible l’engagement social dans la communauté (portrait de personnes engagées, médiatisation de réalisations collectives, prix et concours de l’engagement collectif, etc.). Nous mettons en place un parcours de visites et outils virtuels (cartes interactives) permettant de faire connaître des initiatives citoyennes présentes ainsi que les commerces locaux du quartier.
Une carte interactive (et format papier) affiche tous les lieux de réunions pour les activités collectives et lieux d’appropriation de l’espace public. Nous nous assurerons que ces espaces sont facilement accessibles à toutes et tous, en transports collectifs et actifs. Par exemple : les jardins de la ville de Sydney qui sont en plein centre-ville et où les riverain·e·s accèdent à toute heure. Ils sont connectés par tous les transports en commun (métro, vélo, voiture, bateaux).
Développer un mouvement collectif à l’échelle du quartier
Dans nos quartiers, nous généralisons des processus de démocratie participative (conseils de quartiers, comités de voisins, etc.). Nous nous regroupons entre voisin·e·s pour apprendre à se connaître et se faire confiance, développer des réseaux de partage, de connaissances. Nous mettons à disposition des voisin·e·s des espaces communs pour nous réunir, faire des projets, penser. Nous créons des groupes locaux représentatifs des résident·e·s du quartier et inclusifs pour avoir une réflexion sur l’avenir du territoire, la façon de le gérer, expérimenter des actions concertées. Chaque instance locale fait de la place pour la prise de parole citoyenne. Le Bâtiment 7 est un emblème de la mobilisation citoyenne montréalaise. Les résident·e·s du quartier Pointe-Saint-Charles se sont mobilisés de 2003 à 2012 pour le développement d’une friche industrielle appartenant au Canadien National. Ils ont mené une opération populaire d’aménagement pour contrer un projet de casino et de centre de foires afin de proposer un projet alternatif de développement orienté vers les besoins réels de la communauté. Aujourd’hui, ce centre autogéré abrite une épicerie solidaire, une fermette, une brasserie artisanale, une arcade, des ateliers et une école d’art. Une deuxième phase de mobilisation a permis de s’opposer à l’implantation de condos sur le site.
Se préparer pour la suite, s’organiser pour agir collectivement
Nous écrivons une nouvelle histoire ensemble, nous travaillons à une vision commune à partir d’inspirations d’ici et d’ailleurs. Nous trouvons ensemble un objectif commun et nous nous accordons sur les mêmes valeurs. Nous planifions des étapes du changement à partir de cette vision. Nous intégrons une pluralité d’approches pour atteindre cette vision et pouvoir faire pression à plusieurs niveaux de nos gouvernements (travail de pression, soutien des groupes de pression, pression des citoyen·ne·s sur les gouvernements). Par exemple, dans la ville de Totnes, premier foyer du mouvement citoyen des Villes en transition initié par Rob Hopkins, l’établissement d’une vision et d’ateliers d’idéation ont permis l’émergence de plusieurs projets collectifs. Ce présent récit de la transition, que nous sommes en train de co-construire, participe aussi à la transformation de milieux de vie et propose une alternative au modèle néolibérale, en rassemblant des citoyen·ne·s autour d’une vision commune.