Récit de la transition : Solidarité

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Définition

Définition : La solidarité permet de surmonter les obstacles et de maintenir les liens sociaux, notamment lors de moments de crise.

Le thème de la solidarité renvoie à l’interdépendance entre les êtres humains et au soin que l’on porte les uns aux autres. La solidarité permet de mener les actions, dans un esprit d'entraide et de collaboration, et de se soutenir les uns les autres. Nous avons vu dans la crise sanitaire, l’importance de la solidarité pour surmonter les obstacles et difficultés et la nécessité de maintenir les liens sociaux mis à mal par la distanciation sociale. La solidarité est une valeur que nous poursuivons afin que nos actions soient rassembleuses et inclusives. De la solidarité dépend la résilience de notre communauté, notre capacité à s’organiser ensemble et à trouver des solutions qui répondent aux besoins de tout.e.s. Solidarité ne signifie pas charité, qui induit un rapport d’inégalité entre ceux et celles  qui donnent et ceux et celles qui reçoivent. Au contraire, la solidarité est centrée sur l’idée  d’une équité entre chacun.e des membres de la communauté.


Ce qu’on déconstruit

Déconstruction : Notre quotidien est absorbé par la poursuite d’accomplissements individuels, et nos réussites individuelles sont valorisées par l’accumulation financière.

Nous vivons dans un système qui valorise la productivité, la performance individuelle et la compétition entre les individus, plutôt que l’aide envers autrui. Notre quotidien est absorbé par la poursuite d’accomplissements individuels et nous laissons peu de place à la solidarité et à l’entraide. Ces valeurs ne sont pas valorisées dans notre société où les réussites individuelles et collectives sont évaluées en fonction de l’accumulation matérielle et financière, du travail et de son utilité en termes de richesse et de croissance économique. Au contraire, le “care”, le travail non rémunéré, les actions et activités sociales sont peu valorisées. Nous savons pourtant qu’elles sont essentielles à la vie humaine. Aujourd’hui, même le développement personnel, de plus en plus valorisé par les franges les plus favorisées de la population, est orienté vers l’épanouissement individuel plutôt que vers le soin porté aux autres et l'engagement collectif.

Cette logique individualiste conduit à une conception de la réussite personnelle comme étant uniquement due à la persévérance individuelle. Par conséquent, les difficultés sociales et économiques vécues par certain-e-s d’entre nous seraient attribuables à un manque d’effort individuel, dans la logique du “self-made-man”, “si on veut on peut”. La notion de solidarité remet au cœur de la réussite l'interconnexion entre les individus et le rôle du collectif dans toute forme d’accomplissement. Elle permet de sortir des rapports intéressés et individualistes entre les humains et de déconstruire l’idée que demander de l’aide est un signe de faiblesse.


Ce à quoi on aspire

Aspiration : Le soins aux autres, et en particulier aux plus vulnérables, est au cœur de notre mode de vie.

Dans la société à laquelle nous aspirons, le soin aux autres et en particulier aux plus vulnérables est au cœur de notre mode de vie. L’entraide et la solidarité sont non seulement des moyens facilitant la transition sociale et écologique, mais elles font aussi partie des valeurs de notre société.  Nous avons le temps d’être en relation avec autrui, de vivre en collectif, en cherchant à apporter des solutions collectives pour assurer nos besoins de base, dans le respect des réalités individuelles de chacun-e et dans une logique d’entraide. Une plus grande valeur est accordée aux accomplissements collectifs. L’équité, l’entraide et la solidarité y sont des valeurs centrales. Elles sont notamment traduites par l’établissement de système d’échanges non marchands (temps, échanges de services, etc.), où la richesse économique est associée à la capacité de renforcer et créer des liens sociaux, remplir des tâches de soin et répondre aux besoins de base. Les investissements deviennent alors synonymes de responsabilité partagée et de solidarité.  Le temps passé en communauté prime sur la rentabilité et la productivité individuelles.

Nous reconnaissons les inégalités systémiques et le rôle que chacun-e doit jouer, de manière interdépendante, pour y  mettre fin. Nous œuvrons collectivement au bien-être de tous et toutes, en partageant nos privilèges et nos contraintes. L’entraide et les projets collectifs conçus sont au service de tous et toutes, dans une logique d’ouverture aux autres, dans le respect des différences et des besoins de chacun-e.


Comment on s’y rend

Faire plus de place à la rencontre et l’ouverture aux autres

Au niveau individuel, nous créons des moments de rencontre et de discussions entre personnes venant d’horizons variés pour connaître et comprendre les réalités de chacun-e. Nous valorisons les personnes qui s’impliquent dans la communauté, comme des exemples, pour démystifier les a priori sur la solidarité et l’entraide, comme le fait l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie pour la semaine de l’action bénévole. Nous organisons des fêtes de quartier pour susciter la rencontre entre voisin.e.s et souligner et célébrer la contribution des citoyen.ne.s engagé.e.s.

S’engager dans des activités et système d’échanges et d’entraide

Nous libérons du temps pour venir en aide à nos proches et prendre soin les uns des autres  (voisins, gens qu’on aime, proches). Nous nous initions aux pratiques alternatives qui permettent d’être plus solidaires : échanges de services, troc, glanage et agriculture urbaine, etc. Nous mettons en place des réseaux d’entraide, type Cyclistes solidaires ou Accorderie ou Wanted Communities, pour mettre en lien les gens et les organismes avec des besoins et les personnes souhaitant s’impliquer. Ces initiatives visent toutes à mettre en relation des personnes prêtes à donner de l’aide ponctuellement à celles et ceux qui en ont besoin, soit au travers des réseaux sociaux, soit au travers de réseaux d’entraide entre membres d’une communauté ou par l'intermédiaire des organismes locaux.

Des réseaux de solidarité à l’échelle du quartier

Moyens : Des activités communautaires se développent,  et chacun-e y trouve sa place et s’y implique à sa mesure.

Les réseaux de solidarité se construisent à l’échelle du quartier, voire à un niveau encore plus micro. En effet, l’action sur le terrain est plus pertinente, forte et rapide pour initier la transformation de la société (transition). Nous développons localement des activités communautaires et des espaces d’engagement social qui favorisent le partage dans notre communauté, et qui permettent d’inclure les personnes dans le besoin (financier ou handicap).

Ces activités permettent de développer un réseau d’entraide dans le voisinage, pour que chacun-e y trouve l’aide dont il-elle a besoin et puisse offrir de son temps, ses compétences et ses services à son entourage. Les Cyclistes solidaires est un réseau d’entraide entre voisin.e.s créé pendant la Pandémie de COVID-19. Des cyclistes ont mis leur temps et leur vélo à disposition des organismes en sécurité alimentaire pour faire la distribution des paniers alimentaires aux plus vulnérables de leurs quartiers.

Valoriser des systèmes d’échanges non-monétaires

La solidarité est encouragée et reconnue dans notre société. L’initiative des cyclistes solidaires, née pendant la Pandémie de COVID-19, a remis la solidarité au cœur de la vie de gens, dans un contexte de perte de liens sociaux. Ces bénévoles ont reconsidéré le temps qu’ils consacraient au travail suite à cette expérience. Témoignage de l’initiatrice du projet : “Certains bénévoles sont retournés au travail 4 jours par semaine pour conserver une journée pendant laquelle ils pourraient faire des livraisons. Ils ont expérimenté le don de soi, dans leur quartier, pour des organismes au coin de la rue et pour des quasi-voisins. Ils ont vu le bien qu’ils faisaient, simplement, en enfourchant leur vélo et en étant un simple intermédiaire entre une cuisine et une table de famille. Ils se sentent utiles, valorisés et actifs dans la société.”

S’approprier les espaces de rencontres et mettre en commun la gestion des lieux communautaires

Nous nous approprions notre milieu de vie, en y créant des lieux gérés en commun où se rencontrer, se rassembler et se lier, préparer et partager des repas ensemble, échanger des services. Ces lieux permettent de briser l’isolement et deviennent des incubateurs d’actions collectives (ex : tiers lieux). La solidarité créée en leur sein renforce la résilience de notre communauté, chacun-e y trouve sa place et s’y implique à sa mesure. Ces foyers communautaires seront  reliés les uns aux autres, et ouverts à tou·te·s. Les plus vulnérables y trouvent le soutien et les services dont ils-elles ont besoin auprès des autres membres de la communauté. Le Bâtiment 7, un site industriel reconverti et géré par et pour la communauté, regroupe une variété de services répondant aux besoins du territoire : épicerie, école d’art, bar et brasserie artisanale, ateliers divers, garage communautaire. Le Bâtiment 7 est devenu un pôle économique, social, culturel et environnemental du quartier  Pointe-Saint-Charles.

Une communauté centrée sur ses ressources et services locaux

Notre communauté favorise la production et la consommation locale. Chacun.e peut s’impliquer à un bout ou l’autre du système alimentaire. Cela renforce une solidarité avec les communautés rurales productrices (ex paniers de produits locaux via des boutiques en ligne, marché solidaire de producteurs). Cette logique s’applique à l’ensemble des biens et services, nous produisons ensemble et localement ce que nous consommons. Nous consolidons les liens de proximité par des systèmes de trocs et d’échanges, et des monnaies locales. Le Système Alimentaire Pour Tous, à Montréal-Nord, a pour but de lutter contre l’insécurité alimentaire en créant un système alimentaire local alternatif, au sein duquel les citoyen-ne-s sont impliqués du champ à l’assiette. Cela passe par une variété d’initiatives, circuits-courts, coopérative de distribution alimentaire, cuisine collective, agriculture urbaine. La solidarité opère à différents niveaux : la lutte pour le droit à une alimentation saine et de qualité pour tous et toutes, la production de liens sociaux aux travers des projets collectifs, la reconnexion entre les producteurs et le consommateurs, la création d’emplois et d'activités génératrices de revenus dans les collectivités.

Développer une culture de l’empathie et du care

Nous développons une culture de l’empathie en valorisant la solidarité, la confiance et l’ouverture à l’autre, l’entraide, la compassion, l’écoute dès le plus jeune âge. Ces valeurs sont enseignées à l’école, qui valorise les réussites collectives, l’entraide et le travail en équipe dans l’apprentissage plutôt que la performance et la compétition.

Nous cultivons l’épanouissement personnel comme moyen d’entrer en relation avec les autres. En apprenant à écouter et comprendre nos propres besoins, nous pouvons mieux les partager et, surtout, mieux accueillir ceux des autres. Cela permet notamment de créer des espaces (ou des ateliers) dans lesquels développer une communication authentique, dans l’écoute de soi et d’autrui, pour construire une vraie solidarité. Le collectif Éco-motion propose d’allier la santé psychologique à la lutte aux changements climatiques, par des services offerts aux individus, aux organismes et entreprises, aux établissements scolaires, etc. Ils visent à accompagner les gens dans l’adaptation aux changements socio environnementaux, notamment par des ateliers en nature, de la médiation, de la formation, etc.

Une société organisée autour de l’entraide et la solidarité

Nous mettons en place une demi-journée dédiée à la communauté (valorisée socialement et économiquement) par semaine dans laquelle chacun-e donne de son temps pour les autres. Du temps est aménagé dans les emplois de chacun (ou avec un revenu minimum-garanti) pour permettre à chacun de s’engager dans la communauté. Le temps de travail non-rémunéré est valorisé socialement, par l’accès à des biens et services offerts par la communauté sous forme de troc ou d’échanges. L'épicerie Le Détour (Pointe-Saint-Charles, Batiment 7) repose sur l’implication de ses membres, dont le bénévolat (3 heures par semaine) permet de maintenir des prix bas dans un souci d’accessibilité alimentaire pour les membres les plus vulnérables.

Utiliser l’art comme moyen de se montrer solidaire

Moyens : L’expression artistique peut être un véritable outil d’entraide et de solidarité. L’organisation Clowns Sans Frontières offre des espaces d’expression et de rire aux personnes en situation de vulnérabilité.

En plus d’être un point commun entre l’ensemble des sociétés et un besoin essentiel, l’expression artistique peut être un véritable outil d’entraide et de solidarité entre les humains. En effet, par l’art, on peut créer du lien social, rendre plus acceptables certains moments difficiles de la vie, combattre des maladies et pathologies, etc. L’organisation Clowns Sans Frontière offre des spectacles et performances artistiques et humoristiques dans des contextes difficiles, tant auprès des enfants que des adultes : intervention en hôpitaux pour enfants, en CHSLD, dans les communautés autochtones. Ils offrent des espaces d’expression et de rire aux personnes en situation de vulnérabilité partout dans le monde.